Depuis longtemps, nombreux sont les investisseurs dans les cryptos qui estiment que le prochain marché haussier sera déclenché par l’entrée massive d’investisseurs institutionnels sur Bitcoin et cie. Si certains d’entre-eux se positionnent, comme le montrent les statistiques encourageantes de Grayscale, la tendance est modeste. Cela s’expliquerait par des barrières encore trop nombreuses. Voici les 5 raisons qui dissuadent les institutionnels d’acheter des cryptos.
30 mois après son plus haut historique, la valeur de marché globale des cryptos est encore loin d’atteindre les 750 milliards de la fin 2017. Le scénario qui prédisait la reprise de la hausse sur fond d’afflux des investisseurs institutionnels ne s’est toujours pas matérialisé. Cette absence se justifie par des raisons très concrètes, que voici.
Table des matières
1. Un actif qui reste trop lourd à gérer
Investir dans Bitcoin, la première crypto en termes de valeur de marché, reste une barrière difficile à franchir pour les grandes sociétés de gestion. Celles-ci doivent s’adapter à de nouveaux processus lorsqu’il s’agit d’acheter et de vendre. Loin de ce qu’ils connaissent, il s’agit d’un élément dissuasif. De plus, certains investisseurs institutionnels doivent suivre des mandats clairs qui ne leur permettent d’investir que dans certains produits.
2. Un positionnement sur les cryptos ne garantit pas des profits
Le positionnement des investisseurs institutionnels sur les cryptos n’est pas un gage de profit. L’entrée récente du Medallion Funds de Renaissance Technologies sur les marchés à terme Bitcoin du CME en est un parfait exemple.
De plus, il est important de noter que les contrats à terme sur Bitcoin sont réglés en espèces et non en cryptos. Ils n’impliquent pas nécessairement des Bitcoins ou des transactions cryptos. De plus, l’arrivée d’un investisseur institutionnel sur les cryptos ne signifie pas nécessairement qu’il souhaite jouer la hausse. Un gros acteur qui se manifeste pour shorter Bitcoin est tout sauf une bonne nouvelle.
3. Le marché des cryptos est encore trop confidentiel
En comparaison avec les autres marchés, celui des cryptos fait toujours office de nain. À titre d’exemple, les marchés financiers représentent pour 94 trillions d’actifs. Au moment d’écrire ces lignes, la valeur de marché de Bitcoin est d’environ 166 milliards de dollars, celle du complexe des cryptos de 250 milliards. On est très loin de la capitalisation d’environ 9 trillions de dollars de l’or, par exemple. Rien que la fortune de la famille de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, équivaut la valeur de marché de BTC.

Grayscale Investments, le plus gros gestionnaire public pour les institutionnels, gère un portefeuille cryptos de 3 milliards de dollars. Ce n’est pas rien, mais à l’échelle de la finance il s’agit d’une goutte d’eau. À titre d’exemple, BlackRock, le plus gros hedge fund du monde, gère pour presque 7 trillions d’actifs.
Ces sociétés, qui incluent également Vanguard, Fidelity et Wellington, figurent régulièrement parmi les 20 plus gros détenteurs des actions des banques, des sociétés de cartes de crédit, des sociétés d’assurance et des sociétés de courtage. Ces hedge funds proches des acteurs de la finance traditionnelle n’ont pas intérêt à s’asseoir à l’autre côté de la table.
En ce moment, les cryptos ne représentent pas une menace pour Visa, Wells Fargo, Chubb ou Charles Schwab. Et cela n’a rien à voir avec la performance de la finance décentralisée ou de la rapidité des transactions de Bitcoin.
4. Le risque posé par les régulateurs reste élevé
En octobre 2019, l’ancien président de la CFTC, J. Christopher Giancarlo, a admis avoir agi de concert avec le Trésor, la SEC et le National Economic Council pour tuer l’incroyable hausse de Bitcoin de 2017.
Ce plan gouvernemental a culminé en décembre 2017 avec l’introduction des contrats à terme Bitcoin du CME et du CBOE, soit le lendemain du célèbre plus haut de Bitcoin à 19.700 $. Il ne s’agit pas d’un acte isolé. Les sorties contre les cryptos sont régulières. En mai 2019, le membre du Congrès Brad Sherman a demandé le bannissement des crypto monnaies. En juillet 2019, le président Trump a tweeté :
« Je ne suis pas un fan de Bitcoin et des crypto monnaies, qui ne sont pas des monnaies, et dont la valeur qui ne repose sur rien est hautement volatile. »
Plus récemment, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a promis « de nouvelles contraintes significatives » pour les crypto monnaies.
Si Bitcoin n’est pas considéré comme un concurrent des devises traditionnelles en ce moment, cela changera plus que probablement si les crypto monnaies devaient atteindre une valeur de marché d’un trillion de dollars.
5. Liquidité et facilité d’accès
BAKKT était perçu comme le Saint Graal, vu ses contrats à terme sur Bitcoin réglés en BTC. BAKKT devait également régler le problème de la garde. Le tout était régulé, cela devait être la solution pour les investisseurs institutionnels.

Le lancement fut un pétard mouillé. Et aujourd’hui encore, les volumes quotidiens de BAKKT sont insignifiants. Cela s’explique par de nombreuses raisons :
- Très peu de courtiers proposent cette solution à leurs clients
- Les statuts de nombreux fonds les empêchent de posséder de véritables Bitcoins
- L’utilisation de BAKKT représente beaucoup de bureaucratie et de points de contrôle
- Le trading sur BAKKT n’a pas lieu 24 heures sur 24
- BTC n’est pas accepté en tant que garantie pour le trading sur marge
Conclusion : les cryptos n’ont pas besoin des institutionnels
L’objectif de cet article n’est pas de vous détourner des cryptos. Mais il faut admettre que de nombreux commentateurs, qui n’ont aucune expérience des marchés traditionnels, ont promis des scénarios irréalistes pendant trop longtemps.
Le potentiel théorique de hausse de cette classe d’actif est quasi illimité. Tant que la valeur de marché des cryptos est inférieure à un trillion, vous n’êtes pas trop tard. L’arrivée des institutionnels aura probablement lieu d’abord de façon progressive, puis soudaine. Aujourd’hui, il est important de comprendre qu’un fonds qui gère des milliards n’a pas de bonnes raisons d’entrer sur une classe d’actif si jeune.
Et ce n’est pas grave : les cryptos n’ont pas besoin des institutionnels. C’est plutôt le contraire. Bitcoin, c’est une opportunité pour les particuliers de posséder les premiers une monnaie différente, ainsi qu’une classe d’actif à part.