Pendant longtemps, Roger Ver a détenu le titre de Bitcoin Jesus. Aujourd’hui, nul doute qu’il lui a été ravi par Michael Saylor de MicroStrategy. Ou pas ? La société américaine a annoncé avoir acheté pour plus de 1 milliard de dollars de Bitcoin. Le tout à crédit. Nul doute que cela a permis de stopper l’hémorragie de la correction récente. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?
Pour 1 milliard de Bitcoin achetés à crédit
Lorsque MicroStrategy a acheté ses premiers Bitcoin, il s’agissait d’une stratégie de diversification de sa trésorerie. La firme avait ainsi converti 250 millions de dollars de fonds propres en Bitcoin. À l’époque, Michael Saylor expliquait que sa société avait examiné les différentes réserves de valeur disponibles, et que le choix s’était porté sur Bitcoin. Très bien. Mais depuis, MicroStrategy achète ses BTC à crédit. Elle émet des obligations pour charger la mule. On ne peut plus donc parler de décision dictée par la prudence. Il s’agit purement et simplement de spéculation.
Personnellement, je suis fasciné par les crypto monnaies. Par contre, le zèle que l’on rencontre dans toutes les communautés cryptos me gêne. Ce qui m’avait attiré dans Bitcoin, c’est cette possibilité d’être sa propre banque. D’avoir la possibilité de payer sans devoir recevoir le blanc-seing d’une institution financière. À titre d’exemple, à ce jour ma banque m’empêche toujours de faire un virement vers une bourse d’échange de crypto monnaies, alors que c’est tout à fait légal. Mais aujourd’hui, que voit-on ? Des gens comme Michael Saylor qui spéculent, font du prosélytisme pour servir leurs intérêts. Le pauvre Satoshi Nakamoto soit se retourne dans sa tombe, soit est bien déçu de voir ce que son invention géniale a engendré.
Une bulle épique en gestation ?
Je peux comprendre que les petits investisseurs qui sont dans Bitcoin depuis longtemps, qui ont connu des marchés baissiers vicieux, soient enthousiastes aujourd’hui. L’implication des institutionnels valide leur analyse de longue date quant à la valeur de BTC. Aujourd’hui, après des années de moqueries les faits leur donnent raison. Mais cela ne doit pas nous faire perdre de vue ce qu’est véritablement Bitcoin. Il s’agit d’une monnaie honnête. Ce ne devrait pas être un véhicule spéculatif. BTC n’a pas besoin d’être vendu comme de vulgaires fruits et légumes sur le marché. Au contraire, ses partisans devraient être humbles. Œuvrer pour son amélioration.
Personnellement, je préférerais que Michael Saylor s’investisse pour réduire la concentration du minage en Chine, qui est un problème. Qu’il œuvre à des solutions de scaling afin de faire de Bitcoin une devise utilisable au quotidien. Mais je pense qu’il est déjà trop tard. L’avarice a pris le dessus depuis longtemps. Cela risque de finir en bulle épique. À quel niveau se manifestera-t-elle ? Impossible à dire, car l’existence d’une bulle est révélée lorsqu’elle explose.
Les exemples historiques foisonnent
Aujourd’hui, certains citent les grands noms qui ont investi dans Bitcoin pour écarter tout risque de bulle. Ce serait oublier tous les gens extrêmement instruits et intelligents qui se sont faits lessiver au cours des grandes bulles historique (tulipomanie, South Sea Company, bulle Internet, crise de 1929). À titre d’exemple, Irving Fisher avait écrit au début du mois d’octobre 1929 dans le New York Times « le prix des actions a atteint ce qui semble être un haut-plateau permanent ». Quelques semaines plus tard, la bourse s’effondrait. À l’époque, ce diplômé de Yale était considéré comme l’un des plus grands économistes du monde.