Les audiences du procès Kleiman vs Wright ont pris fin la semaine dernière. Après avoir fêté Thanksgiving, le jury a repris son travail afin de rendre son verdict. Hier, les jurés ont tenté de jeter l’éponge. Le juge les a intimés de poursuivre leur travail via une « Allen charge ».
Pourquoi le jury patine ?
Si les jurés veulent rendre un verdict juste, il y a de quoi se gratter la tête. Les fondements de ce procès sont fantaisistes, on leur demande de trancher des chimères. Le formulaire du verdict comprend pas moins de 25 questions. Si certaines sont plutôt simples, comme la première (y a-t-il eu une violation de partenariat entre Craig Wright et la succession Kleiman), d’autres questions sont éminemment complexes. On leur demande d’évaluer le nombre de Bitcoin concernés, alors qu’aucune partie n’a pu donner un chiffre précis concernant le nombre de BTC en jeu, Wright ayant évoqué de quelques centaines à 1,1 million de Bitcoin concernés, suivant son humeur.
On sait qu’il y a parmi les jurés des retraité(e)s d’origine cubaine. Ces personnes ont eu moins d’un mois pour comprendre comment fonctionne Bitcoin, se plonger dans la saga de Wright et ses élucubrations . Notamment ses démêlés avec l’ATO (fisc australien) qui ont précipité son départ d’Australie vers la Grande-Bretagne, les nombreux contacts entre Craig Wright et Ira Kleiman lorsque ce premier lui assurait que son frère décédé avait joué un rôle important dans la création de Bitcoin.
L’unanimité est requise, les jurés ne savent pas quoi décider
Je me suis plongé dans la saga Craig Wright il y a environ 2 ans. Il m’a fallu des mois et des mois de lecture pour me faire ma propre opinion sur le sujet. Suis-je surpris de la tournure des événements ? Non. Wright est tout sauf un personnage attachant, mais il n’y a pas lieu de le condamner à payer des milliards de dollars. C’est pourtant l’enjeu du procès, dont il est le seul responsable à l’origine, en raison de ses mensonges. Ira Kleiman ne peut pas ne pas savoir que tout cela est du pipeau, après avoir été mené en bateau par Wright, qui l’avait contacté afin de se couvrir dans l’affaire qui l’opposait à l’ATO. Le jury doit arbitrer un jeu de dupes, sans avoir la possibilité de le dénoncer. En signifiant au juge qu’il est incapable « d’obtenir l’unanimité sur aucune des questions », il a tenté il me semble de dénoncer la supercherie en décidant… de ne rien décider.
Le juge peut prononcer l’annulation du procès (mistrial). Ce qui signifie qu’un nouveau procès devrait se tenir, avec un nouveau jury. Le juge a estimé qu’il ne s’agissait pas de la décision adéquate en ce moment. Via une « Allen charge », il a ordonné au jury de se remettre au travail afin de constituer une majorité. Combien de temps cela peut-il durer ? Difficile à dire, car il s’agit d’une mesure plutôt rare. Cette saga pourrait bien s’éterniser encore plus.