Les sanctions fiscales en cas de non-déclaration des gains crypto en France augmentent en sévérité, incitant vivement les investisseurs à respecter leurs obligations fiscales. Quels sont les risques encourus et comment éviter les pénalités sévères ?
Le régime fiscal des cryptomonnaies en France
Depuis 2019, la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) considère les crypto-actifs tels que le Bitcoin et l’Ethereum comme des biens mobiliers. En conséquence, les plus-values réalisées lors de leur conversion en monnaie fiduciaire sont imposables. Lorsque des gains sont soit convertis en euros soit utilisés pour l’achat de biens ou services, ils tombent sous la coupe de l’imposition sur le revenu. Ce principe vaut également pour les revenus provenant du minage et des activités de finance décentralisée (DeFi) comme le lending.
Options de déclaration des gains crypto
Les contribuables ont trois options pour déclarer leurs plus-values :
– Opter pour le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30 %, qui inclut 12,8 % d’impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux ;
– Utiliser le barème progressif de l’impôt sur le revenu ;
– Déclarer les gains comme bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ou bénéfices non commerciaux (BNC) pour les investisseurs professionnels.
Le choix d’un régime fiscal approprié repose sur un calcul minutieux prenant en compte les pourcentages en vigueur et les montants générés par les investissements.
Obligations de déclaration des comptes
Il est obligatoire pour tout investisseur de déclarer les comptes qu’il détient chez les exchanges. Lors de la déclaration des revenus, il convient de cocher la case « déclaration de compte à l’étranger » et de remplir le formulaire 3916-bis pour signaler tous les comptes possédés, même s’ils ne sont pas utilisés. Cette démarche permet de respecter les exigences de transparence fiscale imposées par l’administration française.
Conséquences de la non-déclaration
Le non-respect des obligations fiscales en matière de cryptomonnaies peut entraîner de lourdes conséquences financières. Une omission dans la déclaration entraînant des incohérences découvertes par l’administration fiscale conduit à des réajustements de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux. Pour les gains non déclarés, les contribuables risquent de payer une Cotisation Exceptionnelle sur les Hauts Revenus, qui dépend du revenu crypto réalisé.
Un intérêt de retard de 0,2 % par mois, soit 2,4 % par an, est appliqué pour compenser le manque à gagner pour le Trésor Public. Les pénalités pour non-déclaration sont sévères, incluant une majoration de 10 % pour déclarations tardives ou inexactes. Pour les manquements délibérés, cette pénalité peut atteindre 40 % à 80 %. En cas de non-déclaration des comptes d’actifs numériques à l’étranger, des amendes de 125 € à 1500 € par compte peuvent être imposées. Les montants peuvent atteindre 1 500€ à 250 000€ si l’exchange se trouve dans un pays non coopératif.
Sanctions sévères et régularisation proactive
Pour les infractions graves, les sanctions incluent des amendes pouvant atteindre 500 000 € et cinq ans d’emprisonnement. Cependant, il est possible de régulariser sa situation fiscale de manière proactive. Une régularisation spontanée, soit par la messagerie sécurisée du site impots.gouv.fr ou par courrier, peut alléger les sanctions.
Déclaration des impôts crypto : les informations utiles
Calendrier de déclaration en 2024
Les délais de déclaration des gains crypto en 2024 varient en fonction des modes de déclaration :
– Par voie postale : jusqu’au mardi 20 mai 2024 ;
– En ligne pour les départements 01 à 19 et les résidents étrangers : jusqu’au 23 mai 2024 ;
– En ligne pour les départements 20 à 54 : jusqu’au 30 mai 2024 ;
– En ligne pour les départements à partir de 55 : jusqu’au 6 juin 2024.
Transmission automatique des données des exchanges
Pour l’instant, les exchanges ne transmettent pas systématiquement les données des utilisateurs aux services fiscaux, sauf en cas de suspicion de financements illégaux. Cependant, à partir du 1er janvier 2026, la directive DAC8 adoptée par la Commission Européenne obligera les exchanges et prestataires de services cryptos à partager ces informations, rendant plus difficile toute tentative de dissimulation de gains.
Outils et droit à l’erreur
Des outils existent pour simplifier la déclaration des impôts crypto, offrant des programmes de simulation d’impôt adaptés à la fiscalité française. Pour ceux possédant un capital considérable, le recours à des professionnels est conseillé. Le droit à l’erreur fiscal, mis en place par la loi ESSOC en 2018, permet de rectifier une déclaration sans pénalité, mais uniquement entre août et la mi-décembre de l’année en cours.
Le paysage fiscal des cryptomonnaies est complexe et en constante évolution. Pourquoi ne pas envisager une meilleure automatisation de la déclaration des gains crypto afin de faciliter les démarches des contribuables et d’assurer un plus grand respect des obligations fiscales ?