Alors que Wall Street semble désormais accorder de l’importance aux cryptomonnaies, la question de leur véritable valeur reste une énigme pour beaucoup. Plongeons dans l’univers de la blockchain pour comprendre comment les nouveaux outils d’évaluation et de valorisation redessinent les perspectives d’investissement.
La challenge de l’évaluation de la blockchain
Dans la finance traditionnelle, les investisseurs se basent sur le ratio P/E (Price/Earning) pour juger de la rentabilité d’une entreprise. C’est leur point de repère pour évaluer les potentialités d’une entreprise. Mais dans l’univers des cryptomonnaies, ce type d’évaluation se complique en raison de la diversité des protocoles, de l’accès limité aux données et de la volatilité des marchés. Conséquemment, des outils de mesure traditionnels deviennent moins pertinents.
La transition du monde financier traditionnel, la TradFi, vers la finance décentralisée, la DeFi, impose donc de repenser les façons d’évaluer la valeur d’une cryptomonnaie ou d’un protocole blockchain. Les investisseurs dans ce monde numérique en évolution constante sont confrontés à un véritable casse-tête: quels multiples sont appropriés pour juger de la valeur des infrastructures blockchain? Y a-t-il une manière d’évaluer le « revenu » dans un milieu où certains titans sans flux de trésorerie typiques dominent le marché?
L’appréciation des projets DeFi par le prisme de ratios
Pour juger de la valeur d’un projet DeFi, plusieurs ratios ont été développés avec le temps, notamment les ratios P/F (Price-to-Fees) et P/S (Price-to-Sales). Ces derniers cherchent à exprimer la capitalisation boursière par rapport aux frais ou aux revenus générés par les projets.
Le ratio P/F est probablement le plus utilisé parmi les ratios DeFi car le plus standardisé entre les différents protocoles : il s’agit de la capitalisation boursière en fonction des commissions générées, mesurées sur 30 jours. De son côté, le ratio P/S est celui de la capitalisation boursière par rapport aux revenus, ces dernières pouvant être perçues comme la part des commissions qui reviennent aux propriétaires du protocole.
Plusieurs autres ratios méritent également d’être mis en avant, comme le Price to Token Holder, le Price to Daily Active Users ou le Price to TVL (Total Value Locked). Ils donnent des perspectives supplémentaires sur la valeur relative des cryptomonnaies en fonction du niveau de participation des utilisateurs.
L’observation empirique des valorisations
D’après les données de Token Terminal, Ethereum, l’une des cryptomonnaies les plus connues, a généré autour de 1,69 milliard de dollars de revenus sur les six derniers mois. Cette performance la propulse à la première place parmi les layer 1 en termes de revenus.
Cependant, malgré cette performance, la valeur d’Ethereum par rapport à ses revenus (P/S) et ses commissions (P/F), bien qu’élevée, reste inférieure à celle de certains concurrents comme Polygon. Comment expliquer cette appréciation complexe de la part des investisseurs ?
De tels écarts entre la valorisation de différentes cryptomonnaies montrent que le marché ne se base pas uniquement sur les revenus ou les commissions pour évaluer les projets blockchain. D’autres facteurs entrent en jeu, comme la confiance dans la capacité de l’infrastructure de croître à long terme. D’autre part, des événements exogènes peuvent fortement perturber ces ratios, comme cela a été le cas pour Polygon en février 2024.
Si ces constats peuvent sembler déroutants pour les novices, ils rappellent une chose essentielle : en finance, il n’existe pas de vérité absolue. Les investisseurs se doivent donc d’adopter une vue d’ensemble et dynamique pour évaluer les projets blockchain, tout en restant vigilants face à des valorisations potentiellement décalées de la réalité. Les cryptomonnaies représentent-elles alors une nouvelle frontière économique, ou bien un nouvel eldorado potentiellement trompeur ?