La Suisse annonce un projet d’inclusion des crypto-actifs dans les échanges d’informations fiscales, en conformité avec les normes OCDE et G20, visant à lutter contre la fraude fiscale.
Le cadre régulier en question
La Suisse, bastion de nombreuses entreprises et start-up axées sur les crypto-monnaies et la blockchain, franchit une étape décisive dans l’encadrement de ces actifs numériques. Le gouvernement suisse a annoncé ce mercredi le lancement d’un projet ambitieux : inclure les crypto-actifs dans les informations fiscales échangées avec d’autres pays. Cette initiative vise à se conformer aux exigences établies par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le G20.
Le Conseil fédéral a en effet décidé de proroger une consultation nationale sur ce projet. Ce processus de consultation, courant jusqu’au 6 septembre, vise à intégrer la norme des crypto-actifs fixée par l’OCDE dans la réglementation suisse. Cette norme, que la Suisse s’engage à adopter d’ici 2027, est destinée à lutter contre la fraude fiscale en rendant les crypto-actifs aussi transparents que les actifs financiers traditionnels.
Une modernisation nécessaire
L’intégration des crypto-actifs dans les informations fiscales échangées internationalement marque une modernisation significative du marché suisse des cryptomonnaies. La mise en application du cadre de déclaration des crypto-actifs (CDC) défini par l’OCDE, effective à partir du 1er janvier 2026, est destinée à renforcer encore la crédibilité et la réputation de la place financière suisse.
Le gouvernement suisse souligne par ailleurs que cette mesure garantira « l’égalité de traitement avec les actifs classiques ». La nouvelle réglementation devrait bénéficier non seulement à l’État par une meilleure collecte des impôts, mais aussi aux acteurs du secteur qui verront leur environnement économique davantage structuré et sécurisé.
Un projet ambitieux et pragmatique
Il est important de noter que cette démarche s’inscrit dans une continuité logique. En 2021, le G20 avait confié à l’OCDE la mission d’élaborer un cadre afin d’inclure les crypto-actifs dans l’échange automatique de renseignements fiscaux. Objectif : éviter que les avancées réalisées en matière de transparence fiscale ne soient compromises par le développement fulgurant des crypto-actifs.
En octobre 2022, l’OCDE a présenté une proposition détaillée de cette norme avant une réunion des ministres des Finances et gouverneurs de banque centrale du G20 à Washington. Le mois suivant, 48 pays, dont la Suisse, ont annoncé leur engagement à mettre en œuvre cette nouvelle réglementation. Depuis longtemps considérée comme un hub financier, la Suisse réaffirme ici sa volonté d’être à la pointe des innovations financières tout en préservant son intégrité réglementaire.
Le canton de Zoug, vitrine techno-financière
Parmi les régions suisses, le canton de Zoug émerge comme un acteur clé dans le développement des crypto-monnaies. Surnommé « la crypto-vallée » en raison de sa fiscalité compétitive et de son environnement favorable aux entreprises technologiques, Zoug abrite de nombreuses start-up et entreprises spécialisées dans les crypto-actifs et la blockchain.
Ce choix délibéré du gouvernement suisse d’encadrer les crypto-monnaies, plutôt que de les interdire ou les restreindre sévèrement, avait pour objectif de poser les bases d’un cadre légal et sécurisant. Cette approche, présentée comme pragmatique, vise à faire de la Suisse un pionnier de la finance décentralisée. En optant pour la régulation plutôt que l’interdiction, la Suisse espère attirer des investissements tout en garantissant une transparence et un contrôle rigoureux.
Impact global et réflexions futures
L’implication de la Suisse dans ce projet de norme OCDE sur les crypto-actifs est un signe fort pour l’ensemble du secteur financier mondial. D’autres nations pourraient suivre l’exemple suisse, initiant un cadre international rigoureux pour les crypto-actifs. Cependant, des questions subsistent concernant la mise en œuvre effective et l’adhésion complète des acteurs en place. Quels seront les défis à relever pour garantir une transparence optimale tout en respectant les libertés individuelles inhérentes aux crypto-monnaies ?