Les cryptos sont réputées pour être volatiles. Mais ce qu’il se passe sur les marchés traditionnels depuis vendredi est sans comparaison. C’est tout simplement surréaliste. Et c’est tellement vrai qu’on ne parle plus que de ça. On a beaucoup évoqué de l’implication grandissante des investisseurs sur les marchés. Mais à côté des RobinHooders, une nouvelle catégorie d’investisseurs/parieurs non conventionnels vient de se faire un nom : les WallStreetBetters.
Qu’est-ce que WallStreetBets?
Il s’agit d’un sub Reddit (r/wallstreetbet) dans lequel des investisseurs partagent leurs paris osés sur les marchés. Les memes sont omniprésents. Les membres s’interpellent et se qualifient avec des termes pas très amènes tels que retard (gogols), autiste… Quel est l’objectif ? D’amasser des tendies (des bâtonnets de poulet), soit des profits en langage WBS. Comment ? En prenant des risques, si possible inconsidérés, sur base de la philosophie YOLO (you live only once, on ne vit qu’une fois). Voilà pour la surface.
Qui sont vraiment les investisseurs WallStreetBets?
Si on se focalise sur les apparences, les membres de WSB pour les intimes passent vraiment pour des abrutis inconscients. Mais c’est réducteur. Ils sont nombreux à avoir une connaissance approfondie des marchés et du trading. Cette attitude je-m’en-foutiste découle du sentiment d’avoir hérité des boomers, les vieux, d’une situation économique inextricable. Il y a beaucoup de colère envers l’establishment financier, qui a ruiné l’économie en 2008, mais dont la plupart des acteurs ont été renfloués par la FED.
GameStop, terrain de bataille entre WSB et Wall Street
WallStreetBets est véritablement entré sous le feu des projecteurs vendredi dernier. Les membres de WSB pariaient depuis des mois sur GameStop (GME). En bref, il s’agit d’une chaîne de magasins vidéo qui éprouve des difficultés en raison de la numérisation du secteur. GME tente de se réinventer. WSB y croit. Des hedge funds pas, si bien que le titre était l’un des plus shortés. Il s’est produit alors un phénomène relativement courant lorsqu’un titre est trop shorté : un short squeeze s’est produit (voir Volkswagen ou Tesla).
Shorter un titre coûte cher. Lorsque son prix augmente trop vite, la couverture des shorts accélère la hausse du prix. GME est passé de 20 dollars à 350 dollars en 2 semaines.

La hausse est tellement violente qu’un hedge fund, Melvin Capital, a dû être renfloué à hauteur de plus de 2,5 milliards de dollars ! Pour la première fois de l’histoire, un hedge fund a été mis à terre par de petits investisseurs. Les médias financiers crient au scandale, à la manipulation. Pourtant, tout ce que font les traders de WSB est public. On ne peut pas en dire autant des acteurs de Wall Street, qui se font subitement passer pour des saints, victimes de “gogols autistes” à tendance nihiliste. Certaines personnalités ont pris la défense de WallStreetBets. Notamment Chamath Palihapitiya et Elon Musk.
Un effet boule de neige
Depuis ce lundi, le short squeeze de GME se propage à d’autres titres shortés massivement. Nokia et Macerich font partie de ces titres qui connaissent des hausses “à la Bitcoin“. Doge a bondi de 44% après une simple question posée sur la crypto. De quoi renforcer la mauvaise réputation de “groupe pump & dump” de WSB… Ce dont il se défend.